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                 photo HC

     

    Il est là, depuis un an déjà, attaché à cet arbre. Chaque jour, il entre par ma fenêtre et emplit la pièce de son énigme.

    Un matin il se trouvait là. Il n'est plus reparti.

    L'hiver, il s'est même prêté au jeu, aux yeux des photographes amateurs, emmitouflé dans son armure de neige, faisant le beau comme un caniche royal dans sa laine à pompons.

    Et l'arbre, lui, semble fier de cette prothèse amusante, rassurante, cette greffe bienfaisante.

    Peut-être s'imagine-t-il en arbre voyageur parcourant les rues le soir venu? Ou le vélo se prend-il pour une fleur?

    Quel mystérieux hasard les a mariés ainsi?

    Je me suis prise d'affection pour ce couple hétéroclite, éprise, oui, de ces saltimbanques de la destinée.

    Et soudain je me suis dit qu'un autre jour viendra où on l'arrachera à l'arbre qui se sentira nu, seul sans ce bras autour de ses hanches. Et si c'était l'arbre qu'on arrachait, laissant choir le vélo sur le côté de sa peine, perdu, déchu?

    Alors, je me suis empressée de les immortaliser. Photo de famille à mettre sur la table à café. Fenêtre miniature à contempler. Prendre une part de leur bonheur paisible et, égoïstement, me l'approprier.


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