• Évidemment, je suis sur ce côté du monde où les choyés sont installés. Dans ce ¨Nouveau Monde¨ où prendre son café, lentement, avec la certitude que rien ne viendra ébranler la journée, où on se permet jugements et critiques, si souvent sans fondement, en gaspillant de grands pans de l’humanité. Il est facile, ici, de rêver et d’avoir le luxe de prêcher l’Heureux. C’est vrai, je le sais.
    Être consciente de la souffrance et de l’horreur, des blessures si profondes, des milliers d’enfers, me donne souvent l’envie de laisser éclater ma colère. Tant et tant et tant d’enfants aux yeux trop grands dont le corps n’est plus que long questionnement. Je voudrais les prendre un à un sur mon ventre. Tellement, tellement de femmes et d’hommes qui se noient sur une terre desséchée ou s’effritent dans les bourbiers. Je voudrais les bercer. Et parmi les supposés gâtés, tant et tellement d’âmes amnésiques et sans centre qui ont besoin aussi de se sentir aimés.
    Alors, impuissante, certes, je marche dans le petit boisé qui filtre ma révolte et me souffle qu’au nom des désespérés, mon devoir de choyée est d’apprécier chaque seconde de cette paix qui m’est offerte. Sur mon côté du monde, je m'assois dans l’Heureux et j’essaie de le respirer. J’essaie, j’essaie vraiment de mon mieux, je vous le promets.


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